Quelques poèmes écrits cet été pendant ma cure de farniente...
Nos victoires
Tu enchaînes les performances
Tu accumules les médailles
Tu es de la race des champions
Et tu te bats pour ça
Tu es sous le feu des projecteurs
Mais je ne te jalouse pas
Tu le mérites
Sans les vivre, je connais tes sacrifices
Moi, mon combat est d’une autre teneur
Moins héroïque, plus prosaïque
Je lutte contre cette maladie
Qui me ronge de l’intérieur
Cette maladie qui s’est invitée malgré moi
Mais qu’il a bien fallu accueillir
Je prends mon traitement sans mot dire
J’endure en faisant bonne figure
J’apprends la patience en essayant
De ne pas perdre foi
Chaque jour est devenu un combat
Chaque jour de plus, une petite victoire
L’étranger
Je suis cet étranger
qui ne reconnaît plus son pays.
Pourtant, ce pays, j’y suis né,
j’y ai grandi
(j’ai eu la chance d’y grandir,
devrais-je même dire).
Ce pays, à part pour les affaires et les vacances,
je l’ai rarement quitté.
Ce pays, je m’y suis enraciné,
j’y ai fait ma vie.
Mais peu à peu, malgré moi,
mon pays a changé.
Pris dans le gris ambiant,
il en a oublié ses couleurs d’origine.
Brique par brique,
il s’est emmuré dans sa peur.
Lui déjà si petit
sur la carte du monde,
il s’est replié sur lui-même
jusqu’à l’asphyxie.
Ce pays que j’ai tant aimé,
ce pays si petit mais aux si grandes valeurs,
ce pays qui, au cœur de la nuit,
éclairait le monde tel un phare,
qu’est-il devenu ?
Mon pays n’est plus,
ici je me sens étranger.
Sans doute est-il temps de partir…
Comme une étoile qui a vécu son temps
Je suis comme une étoile
qui a vécu son temps
De loin, je brille encore un peu
quelques éclats de surface
quelques restes apparents
mais à l’intérieur
je suis éteint
j’ai consumé tout mon feu
Ce que vous voyez de moi
dans le ciel
n’est plus depuis longtemps
bientôt je serai aspiré
par la nuit –
fini les faux-semblants
@ Emmanuel Parmentier, 2025