mercredi 13 août 2025

Devoirs de vacances

 Quelques poèmes écrits cet été pendant ma cure de farniente...

 

 

Nos victoires

 

Tu enchaînes les performances

Tu accumules les médailles

Tu es de la race des champions

Et tu te bats pour ça

Tu es sous le feu des projecteurs

Mais je ne te jalouse pas

Tu le mérites

Sans les vivre, je connais tes sacrifices

 

Moi, mon combat est d’une autre teneur

Moins héroïque, plus prosaïque

Je lutte contre cette maladie

Qui me ronge de l’intérieur

Cette maladie qui s’est invitée malgré moi

Mais qu’il a bien fallu accueillir

Je prends mon traitement sans mot dire

J’endure en faisant bonne figure

J’apprends la patience en essayant

De ne pas perdre foi

Chaque jour est devenu un combat

Chaque jour de plus, une petite victoire

 


L’étranger

 

Je suis cet étranger

qui ne reconnaît plus son pays.

Pourtant, ce pays, j’y suis né,

j’y ai grandi

(j’ai eu la chance d’y grandir,

devrais-je même dire).

Ce pays, à part pour les affaires et les vacances,

je l’ai rarement quitté.

Ce pays, je m’y suis enraciné,

j’y ai fait ma vie.

 

Mais peu à peu, malgré moi,

mon pays a changé.

Pris dans le gris ambiant,

il en a oublié ses couleurs d’origine.

Brique par brique,

il s’est emmuré dans sa peur.

Lui déjà si petit

sur la carte du monde,

il s’est replié sur lui-même

jusqu’à l’asphyxie.

 

Ce pays que j’ai tant aimé,

ce pays si petit mais aux si grandes valeurs,

ce pays qui, au cœur de la nuit,

éclairait le monde tel un phare,

qu’est-il devenu ?

 

Mon pays n’est plus,

ici je me sens étranger.

Sans doute est-il temps de partir…

 

  

Comme une étoile qui a vécu son temps

 

Je suis comme une étoile

qui a vécu son temps

 

De loin, je brille encore un peu

quelques éclats de surface

quelques restes apparents

mais à l’intérieur

je suis éteint

j’ai consumé tout mon feu

 

Ce que vous voyez de moi

dans le ciel

n’est plus depuis longtemps

bientôt je serai aspiré

par la nuit –

fini les faux-semblants



@ Emmanuel Parmentier, 2025